AUTRUI, l’ Autre, l'atérité
« L’autre (avec une minuscule) désigne simplement un être humain, un être que nous pouvons traiter en “objet”, dresser ou séduire, que nous pouvons considérer comme si ses pensées et ses actes étaient le simple résultat des influences qu’il a reçues.
En revanche, quand nous parlons de l’Autre (avec une majuscule), nous évoquons une liberté qui se met en jeu, une personne qui ose, parfois un simple instant, parler enfin pour elle, sans se caler sur ce que lui dictent, la pression sociale, la peur du plus fort ou du plus influent, l’inquiétude d’être ou de ne pas être conforme... L’ Autre, en ce sens, est un être qui assume son altérité. […] l’Autre, en d’autres termes, c’est quelqu’un que je peux, au sens propre du terme, rencontrer » Philippe MEIRIEUX
"L'ALTERITE : Du latin alterĭtas, l’altérité est la condition d’être un autre. Le terme alter concerne « l’autre » du point de vue du « moi ». Le concept de l’altérité est donc utilisé au sens philosophique pour désigner la découverte de la conception du monde et des intérêts d’un « autre ».
L’altérité doit être comprise sur la base d’une division entre « soi » et « l’autre » ou entre «nous» et «eux». L’ « autre » a des coutumes, des traditions et les représentations différentes à celles de « soi » : raison pour laquelle il fait partie d’ « eux » et non pas de « nous ». L’altérité implique se mettre à la place de « l’autre », en alternance avec son propre point de vue et celui des autres.
Cela signifie que l’altérité est une volonté de compréhension qui encourage le dialogue et favorise les relations pacifiques. Lorsqu’un homme juif noue une liaison avec une femme catholique, l’altérité est essentielle pour comprendre et accepter les différences. Par contre, si l’altérité n’a pas lieu, la relation sera impossible parce que les deux seules visions du monde entrent en collision l’une avec l’autre et il n’y aura pas de la place pour la compréhension.
L’altérité peut aussi être comprise à un niveau plus large. La rencontre entre deux pays ou deux peuples consiste à placer les différentes formes de vie face à face. S’il y a une volonté de l’altérité, l’intégration peut être harmonieuse dans la mesure où les gens respectent les croyances des uns et des autres. Ce dialogue, par ailleurs, enrichira les deux parties. Toutefois, s’il n’y a aucune altérité, le peuple le plus fort domine l’autre et impose ses croyances. Cela s’est produit, par exemple, lors de l’arrivée des conquérants Européens en Amérique."
"L'altérité est un concept culturel qui renvoie à l'autre et à l'ailleurs.
Selon l'Équipe MIT, le concept d'altérité appliqué au champ du tourisme permet « l’exploitation dynamique d’un différentiel d’identité géographique ou social à travers la mise en relation d’un individu avec des lieux ou des individus qui lui sont autres, dans un processus de mobilité. L’altérité est relative à un capital spatial accumulé au cours des déplacements. Elle exprime toutes les facettes de ce qui est autre : divers, disparate, dissemblable, différent, hétéroclite, hétérogène et étranger, voire autrui. Elle s’applique tant aux lieux qu’aux êtres humains. Constitutive des pratiques touristiques, elle implique une rencontre avec un autre soi-même, d’autres lieux, d’autres personnes, d’autres temps, un ailleurs, à la faveur du déplacement. L’altérité des lieux est un élément de définition de l’identité des lieux, laquelle est relative et évolutive (l’altérité des lieux évolue, selon l’accessibilité et les pratiques). Dans le domaine du tourisme, l’ailleurs comme dimension géographique de l’altérité joue un rôle essentiel dans l’imaginaire et la pulsion d’aller dans des lieux autres. »
(ST, JBB) janvier 2011, modifié en novembre 2018.
Pour compléter
- Pascal Clerc, « Monastère, agora, forteresse ou nœud d’échanges. Quatre modèles pour définir les relations entre les écoles et leurs environnements », Géoconfluences, janvier 2021."