Lien
Patrick Pelège, sociologue, nous parle, d’un lien qui, tantôt « détient, soutient, maintient, contient, retient… mais, un LIEN qui TIENT ! »
Issu du latin liganem : qui sert à attacher.
« La notion de lien social signifie en sociologie française l'ensemble des appartenances, des affiliations, des relations qui unissent les gens ou les groupes sociaux entre eux. Le lien social représente la force qui lie entre eux les membres d'une communauté sociale, d'une association, d'un milieu social. » Wikipédia
"La vie est une succession d’attachements et de détachements... La séparation fait toujours souffrir, mais en même temps elle fait grandir...
Il faut toujours beaucoup de temps pour rompre un lien, qu’il soit amical, amoureux, professionnel Ce qui fait fondement humain, c'est la capacité à créer des liens sans jamais être complètement assuré de leur solidité."
"... il faut grandir et, pour cela, prendre de la distance, afin de gagner de nouveaux territoires d'autonomie et de liberté. Tout le développement psychomoteur de l'enfant, toute vie humaine apparaissent comme une suite d'attachements et de détachements, de conquêtes et de séparations [...] On ne peut pas vivre sans lien mais, dès lors qu'il devient trop exclusif, ce lien menace de nous étouffer. Il faut donc pouvoir le desserrer, se détacher, afin de trouver la juste proximité entre les autres et soi".
Professeur Marcel Rufo Détache-moi ! (Se séparer pour grandir) Anne Carrière 2005
"Du coté de l'observateur, un lien d'accompagnement relève de deux variables : un échange contractuel (en provenance d'une socialité secondaire) et un échange par le don (en provenance d'une socialité primaire).
Un lien d'accompagnement particulier est plus ou moins saturé par chacune de ces deux variables.
Du coté du bénéficiaire du lien, la question est autre : il se développe une activité interprétative reposant sur le désir. p 115
... ainsi s'enclenche une tentative d'interprètation par le don, la crainte de se tromper ou d'avoir été trompé, et les multiples essais de vérification que cela entraine... s'il y a renoncement à reconnaitre l'autre et moi comme étant chacun présent dans le désir de l'autre, alors interviendra la "simple" interprétation par la norme d'emploi...
Accompgner au quotidien, c'est accompagner la question de l'énigme d'autrui, c'est à dire essentiellement ne pas en donner réponse qui étoufferait la question... il faut au contraire pouvoir et savoir rester dans une ambiguité suffisante, proposer de l'indécidable, afin qu'une élaboration soit possible du coté de la personne. p 119
Quand le travail d'accompagnement se réalise de cette manière, on en a l'écho chez les personnes prises en charge. Celles-ci expriment leur question, leur tentative de résolution de la question de l'énigme de l'autre, elles peuvent dire quelque chose d'un cheminement ou d'une étape, on les voit en train d'esquisser des élaborations qui leurs sont personnelles. Alors on peut dire que probablement le professionnel a su accompgner, sans usurper une place de répondeur." p 119/120
Paul Fustier Le lien d'accompagnement Entre don et contrat salarial Dunod 2005
"Serge Paugam nous dit qu’il y a « Quatre types de liens sont complémentaires et entrecroisés. Ils constituent le tissu social qui enveloppe l'individu. Lorsque ce dernier décline son identité, il peut faire référence aussi bien à sa nationalité (lien de citoyenneté), à sa profession (lien de participation organique), à ses groupes d'appartenance (lien de participation élective), à ses origines familiales (lien de filiation), il y a une fonction socialisatrice et identitaire de ce lien. Il contribue à l'équilibre de l'individu dès sa naissance puisqu'il lui assure à la fois protection (soins physiques) et reconnaissance (sécurité affective).
Autant dans le lien de filiation, l'individu n'a pas de liberté de choix, autant dans le lien de participation élective, il dispose d'autonomie. Celle-ci reste toutefois encadrée par une série de déterminations sociales…
Ce lien relève de la socialisation extra-familiale au cours de laquelle l'individu entre en contact avec d'autres individus qu'il apprend à connaître dans le cadre de groupes divers et d'institutions. Ce lien recouvre plusieurs formes d'attachement non contraint. On peut considérer la formation du couple comme l'une d'elles. L'individu s'intègre à un autre réseau familial que le sien. Il élargit son cercle d'appartenance.
Le lien de participation organique se distingue du précédent en ce qu'il se caractérise par l'apprentissage et l'exercice d'une fonction déterminée dans l'organisation du travail. Ce lien se constitue dans le cadre de l'école et se prolonge dans le monde du travail.
Enfin, le lien de citoyenneté repose sur le principe de l'appartenance à une nation. Dans son principe, la nation reconnaît à ses membres des droits et des devoirs et en fait des citoyens à part entière. Le lien de citoyenneté est fondé aussi sur la reconnaissance de la souveraineté du citoyen. Il trouve également sa source dans la logique protectrice de l'égalité démocratique. On trouve donc à nouveau dans le lien de citoyenneté les deux fondements de protection et de reconnaissance que j'ai déjà identifiés dans les trois types de liens précédents. Le lien de citoyenneté repose sur une conception exigeante des droits et des devoirs de l'individu."
ens-lyon.fr/articles/le-lien-social-entretien-avec-serge-paugam
"Le travailleur social est le passeur de l'espace, la frontière solide pour éviter l'échapée hors du réel, le détachement du lien social. Il est le rappel d'une exigence de sens et de valeur, il maintient l'appel vers le lien. L'attache au monde peut être fragile, mais elle fonctionne pour cet autre en souffrance, au sens réel et symbolique du terme, comme un contenant, l'ultime limite. Sa tâche n'est donc pas de juger, mais de comprendre et d'accompagner, de prévenir le pire par sa qualité de présence."
David Lebreton - Anthropologue 2ème université d'été du travail social La Rochelle 2006