Mère suffisament bonne
Winnicott : "L'enfant a besoin d'éprouver un manque pour sentir ses besoins et agir. L'idée de mère suffisamment bonne vient du fait qu'elle ne doit pas l'être trop. Si les parents comblent tous les besoins avant qu'ils se présentent, cela ne laissera pas à l'enfant l'occasion d'éprouver du désir."
"Cela entraverait la capacité de l’enfant à élaborer face au manque par exemple, à sentir le besoin, à avoir envie de quelque chose, à agir.
Il se fait alors l’objet du désir de l’autre. Il ne faut donc pas être trop bon non plus.
Une mère trop bonne ajoute à l’angoisse d’abandon, celle d’intrusion.
L’enfant a déjà à s’occuper de l’angoisse d’abandon, et une mère trop bonne y ajouterait une angoisse d’intrusion ainsi qu’un renforcement de l’angoisse d’abandon. Il est important à ce niveau de comprendre qu’on ne peut pas rattraper sa propre enfance à travers celle de l’enfant. L’enfant doit apprendre à être soi, tout seul, en présence de l’autre.
Winnicott met en évidence la préoccupation maternelle primaire*.
Le parent doit aussi faire face à sa propre ambivalence : la relation à l’enfant n’est pas tout amour, et une pulsion d’agressivité va s’exercer, notamment à travers, chez de nombreux jeunes parents, des rêves de mort de l’enfant, qui sont une façon d’exprimer cette part de nous.Elle est perçue un peu comme la maladie de la relation avec l’enfant. Elle s’exprime par le fait, durant les moments périnataux, que la mère s’éveille juste avant son bébé, quelques seconde à quelques minutes.
La maman est hypervigilente et dépersonnalisée, et perçoit les micro mouvements de son enfant par empathie, lorsque celui ci commence à se réveiller. Cela permet la communication entre parent et enfant (cela peut aussi arriver au père).
La relation est thérapeuthique.
Cela soulève la question de vivre avec l’autre, même à distance. Cette préoccupation est similaire en analyse, dans le sens ou l’on porte l’autre psychiquement. C’est thérapeutique d’être contenu dans l’appareil psychique de l’autre. Dans le cadre de la psychanalyse, il ne faut pas refouler les mouvements de pensée vers les patients, mais se demander pourquoi dans une situation particulière l’on a pensé à eux."
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La préoccupation maternelle primaire :
D. WINNICOTT nomme ainsi l’état psychique dans lequel se trouve la « mère suffisamment bonne » à la fin de la grossesse et au cours des semaines qui suivent l’accouchement. Cet état transitoire est caractérisé par une hypersensibilité qui permet à la mère de s’adapter à tous les premiers besoins du petit enfant avec délicatesse et sensibilité.
La préoccupation maternelle primaire a pour condition l’identification de la mère au bébé et c’est elle qui permet à la mère de fournir à l’enfant un « environnement initial de qualité suffisante » indispensable pour le premier développement du « moi » du nouveau né et notamment pour la formation d’un « sentiment continu d’exister ».
La préoccupation maternelle primaire est une forme du berceau psychique.
Le nourrisson est animé par des besoins physiques mais aussi et dès l’origine par des besoins relationnels qui se traduisent par des états de tension. En cas de montée de tension, le bébé possède une certaine compétence de réponse. C’est une capacité sans doute innée, elle consiste à « halluciner » ce qu’il y a lieu de faire pour abaisser la tension désagréable. Il hallucine les conditions de la satisfaction.
Si du point de vue de l’enfant, l’hallucination produit la réalité de la satisfaction, alors le système hallucinatoire va être investi parce que c’est un système qui marche. Alors l’hallucination de l’enfant se transforme en une illusion de création.
Le mécanisme du « trouvé-créé » est celui-ci : pour l’exemple de la faim, l’enfant créé par son hallucination : un sein. Il le trouve par l’adaptation de la mère. Cela produit un processus de type nouveau fait à la fois de l’hallucination primaire de l’enfant et à la fois de l’adaptation maternelle. Cela créé une satisfaction interne chez l’enfant et lui donne l’illusion que son hallucination l’a vraiment satisfait.
Dans la subjectivité, cette illusion est tout à fait fondamentale, c’est l’illusion qu’à l’enfant d’être le créateur de sa propre satisfaction.
Ce mécanisme vaut pour l’ensemble des interrelations précoces.
De la même manière que le bébé se croit le créateur de la satisfaction, il se croit le créateur de l’insatisfaction quand il y est confronté. Face à l’incertitude de savoir si ça vient de lui ou de l’environnement, le bébé tranche cette incertitude et préfère éprouver que c’est lui qui est à l’origine de ce qui ne se passe pas bien.
Narcissisme signifie bien que la subjectivité rapporte à elle-même ce qui se déroule et s’éprouve, que ceci soit bon ou mauvais. Les expériences éprouvées par le bébé, constituent la matrice primaire des éprouvés qui se
formuleront plus tard. Elles seront constitutives du noyau de notre confiance en nous ou de notre méfiance (insécurité) en nous.
Les illusions positives ou négatives sont toutes deux des illusions narcissiques primaires. Des illusions qui résultent de la difficulté de l’enfant de différencier ce qui vient de lui et ce qui vient du dehors, de l’échec de l’adaptation de son environnement à ses besoins, de l’incertitude dans laquelle il se trouve sur l’origine de ce qui se passe. La défense narcissique qu’il met en place face à cette incertitude est qu’il préfère se croire à l’origine de ce qui se passe que ce soit suffisamment bon pour lui ou mauvais pour lui.