Stades développement de l'enfant
"FREUD PIAGET WALLON s’accordent à voir le développement de l’enfant scandé par des moments obligés – les stades –s’appuyant sur des moments antérieurs – des stades, ou encore la phylogenèse. Les différences résident dans le statut à donner aux stades dépassés et à leur ordre d’apparition. Il est strict chez PIAGET – un stade ne peut apparaître que si le stade précédent a été dépassé – dialectique chez WALLON et subverti par l’après coup chez FREUD. Chez tous, même si cela est accentué chez FREUD, que le passé soit ainsi présentifié est chose normale.
FREUD :
Le stade oral
Il constitue le premier stade de l'évolution libidinale. À travers l'activité de nutrition, par exemple, s'exprime et s'organise la « relation d'objet » avec la mère, marquée par les notions de « manger » et d'« être mangé ». On divise parfois, après Karl Abraham, ce stade en un stade oral précoce ou primitif, lié à l’activité de succion et un stade oral sadique lié à la morsure."
Le stade oral se situe de la naissance à un an. C’est la période où la région buccale est sur-stimulée et surinvestie. Il ne s’agit pas seulement de la bouche, des lèvres et de la langue mais aussi le tube digestif et les organes activés par l’ingestion.
C’est une source de plaisir en lien avec l’environnement et dès que quelque chose intéressera l’enfant, il le portera à sa bouche. « absorber » l’objet correspond au plaisir « d’avoir » qui se confond dans un premier temps avec le plaisir « d’être » (différence moi/objet).
Dans un deuxième temps, avec l’apparition de la dentition, l’enfant va mordre ce qu’il aura à la bouche. La morsure est la première expression d’une pulsion agressive. C’est l’autorisation ou l’interdit de cette morsure par l’environnement qui va influencer les bases de caractère de l’enfant.
A ce moment là, le nourrisson ne distingue pas le dedans et le dehors. La reconnaissance de la réalité extérieure, considérée comme totalement distincte du sujet, va s’opérer lentement.
L’enfant va entrer progressivement dans un autre stade, sans renoncer totalement aux plaisirs oraux.
"Le stade anal
Second stade de l'évolution libidinale selon Freud, le stade anal se situe approximativement entre 2 et 4 ans et est caractérisé par une organisation de la libido sous le primat de la zone érogène anale. L’analité colore les relations objectales en ce sens ou la fonction de défécation d’une part, la valeur symbolique des fèces d’autre part, leur donnent un lexique par ou l’activité ou la passivité peuvent trouver à s’exprimer. C'est le stade de l'ambivalence : l'objet peut être gardé, domine, bon ou mauvais. Les frontières intérieur extérieur du corps sont consolides... ABRAHAM a distingué un stade sadique anal expulsif (12-18 mois) ou l'expulsion prend la valeur d'un défi par rapport a l'adulte et un stade masochique retensif (18-24 mois) ou la rétention des matières fécales n'est pas exempt d'un sadisme puisqu'il sait que l'adulte attend quelque chose de lui. La propreté est le conflit relationnel spécifique."
Cette période s’étend de un à trois ans.
Le développement musculaire de l’enfant est important et l’acquisition de la marche est synonyme d’autonomie. L’enfant commence à s’exposer à des dangers nombreux et les interdictions se multiplient. L’utilisation du « non » par l’entourage devient systématique et l’enfant adopte de plus en plus des conduites d’opposition.
Dans le même temps, l’éducation à la propreté prend une importance considérable et l’enfant acquière la maitrise sphynctérienne. Il retire un intense plaisir à déféquer ou au contraire à retenir ses selles et prend conscience de son propre pouvoir par les encouragements et gratifications qu’il reçoit de ses parents. Le contrôle des sphyncters n’est pas uniquement un contrôle physique mais aussi un contrôle sur l’environnement. L’enfant peut refuser le pot qu’on lui présente, garder ses selles et montrer par là qu’il videra ses intestins quand bon lui semblera. Il dispose ainsi d’un moyen de pression sur son entourage et peut à loisir gratifier ses parents comme il peut les frustrer.
L’opposition du jeune enfant traduit une maturation psycho-affective.
Au cours de la deuxième année, il est souvent désobéissant et entêté. Il est important pour sa structuration psychique que les parents posent des limites bien définies et fassent preuve d’autorité.
Les attitudes d’opposition de l’enfant révèlent une évolution dans la différenciation MOI/AUTRE (autre/les autres).
L’enfant trouve un réel plaisir à dire « non » (15 mois environ), il défend activement ses propres désirs. Il se reconnaît comme une entité distincte des autres. C’est une grande avancée dans la structuration de l’identité et des relations sociales. Au cours de cette deuxième année, le stade du miroir s’achève. Il a débuté vers 6 mois quand le bébé réagit à son image reflétée mais à cette époque il considère son reflet comme une personne réelle mais une personne qui n’est pas lui. Plus tard, il commencera à comprendre que ce reflet est une image et non une personne réelle. Vers 16-18 mois, l’enfant se reconnaît dans l’image reflétée par le miroir, nommée par ses parents. Il est conscient qu’il s’agit de son image, c’est une évolution fondamentale au niveau de sa structuration psychique.
L’enfant a établit la distinction MOI / AUTRE et la distinction MOI / MON IMAGE.
La dissociation du psychique et du somatique est alors acquise.
"Le stade phallique
Troisième stade du développement de la libido, le stade phallique est caractérisé par l'unification des pulsions partielles qui existent chez l'enfant, unification qui se constitue sous le primat des organes génitaux. À ce stade, l'enfant, garçon ou fille, ne connaît qu'un seul organe génital: le pénis, et l'opposition des sexes ne se traduit à ce moment que par l'opposition au terme de «phallique» ou «châtré». Le stade phallique constitue un moment
culminant pour l'enfant et correspondant au déclin du complexe d'Œdipe, dans lequel le complexe de castration est prévalent. Le stade phallique est basé sur la croyance de l'universalité de la présence du pénis aussi bien
chez le garçon que chez la fille."
Le stade phallique succède au stade anal. L’enfant a environ 3 ans. Cette période va durer à peu près 4 ans.
1 – La question des origines
Le premier point important du stade phallique concerne la curiosité sexuelle manifestée par l’enfant. Il se pose beaucoup de questions et interroge beaucoup ses parents. Même si les questions ne sont pas toute d’ordre sexuel, elles portent toutes sur l’origine de la vie et la différence des sexes. L’enfant se demande d’où il vient, comment il est né, par où ? Avec les réponses ou non réponse qu’on lui donne, il élabore des théories sur les origines de la vie (naissance anale, fécondation par le baiser ….). C’est sa représentation imaginaire en référence au vécu familial (parents qui s’embrassent, qui le félicitent de son caca….), car il n’a pas encore les moyens de mentaliser la réalité (pas de représentation de ce vécu car pas de vécu de sexualité adulte).
2 – La différence des sexes
C’est après 3 ou 4 ans que l’enfant réalise la différence des sexes. Cette découverte le perturbe fortement. Même si avant cet âge, il sait que les petites filles sont différentes des petits garçons, à ce moment là, il reconnaît la différence car il l’a intégré. Cette reconnaissance est éprouvante pour l’enfant car elle l’oblige à renoncer à la toute puissance : il ne peut pas être à la fois un garçon et une fille. L’enfant est obligé d’admettre des choses capitales pour son développement psychologique :
- Les différences de chacun : enfant/parent, fille/garçon, moi/autre, autre/moi.
- Les limites de son pouvoir : il n’est pas tout, il ne peut pas tout.
- L’intégration et l’acceptation de son identité sexuelle.
Pour la structuration psychique et la socialisation de l’enfant, c’est une transformation qui repose sur des enjeux fondamentaux. Le renoncement définitif à la toute puissance et la reconnaissance de la différence vont passer par des vécus complexes :
A – Le complexe de castration
Il s’agit de la découverte du pénis et de l’absence de pénis.
Ce complexe repose sur 2 présupposés :
- Le petit garçon a pu subir antérieurement des menaces de castration effectives. La menace fait effet après coup et elle peut être signe d’angoisse. Cette angoisse est symbolique et non pas réelle. La castration représente la perte de la toute puissance (je ne suis pas une fille et inversement).
- La survalorisation du pénis : le petit garçon craint de perdre son pénis et la fille souffre de ne pas en avoir. Chez la petite fille, l’angoisse de castration serait remplacée par l’envie du pénis.
Le complexe de castration est le renoncement à la toute puissance chez le petit garçon comme chez la petite fille. L’enfant doit abandonner l’idée d’être tout (garçon/fille), de se suffire à lui-même (tout
ensemble) et d’être sa propre origine (enfant de parents), pour accepter de n’être qu’un garçon ou qu’une fille.
C’est un point fondamental dans la construction de l’identité sexuelle, il détermine les choix affectifs futurs et la gestion de la sexualité adulte.
B – Le complexe d’oedipe
Histoire d’oedipe dans la mythologie grecque :
Œdipe est abandonné par ses parents : Jocaste et Laïos car ils craignent que se réalise la prophétie délivrée par la Pythie (Oracle). La prédiction dit que, oedipe à l’âge adulte, tuera son père et épousera sa mère.
Œdipe est élevé par les souverains de Corinthe dans l’ignorance de sa véritable identité. Jeune homme, il apprend la prophétie et fuit ses parents adoptifs pensant que se sont ses géniteurs. Sur son chemin, il rencontre Laïos, ils entrent en conflit et oedipe le tue sans savoir que c’est son père. Il réalise à son insu le premier terme de la sinistre prophétie. Il continue sa route et arrivé à Thèbes, il rencontre Jocaste, veuve, qui le prend pour époux. Le deuxième terme de la prophétie se réalise puisque sans le savoir, oedipe épouse sa mère. Ce mythe traduit le conflit originel qui oppose l’enfant à un de ses parents pour pouvoir mieux être aimé de l’autre.
Le complexe d’oedipe est la situation qui illustre SYMBOLIQUEMENT à la fois le désir de l’enfant pour le parent du sexe opposé et à la fois le désir associé à l’hostilité pour le parent du même sexe.
Il s’agit d’un symbole car l’enfant ne souhaite pas réellement tuer l’un de ses parents comme oedipe ignore la vérité quand il réalise la prophétie.
En fait, l’oedipe représente le conflit qui oppose à un moment précis enfants et parents, basé sur un désir interdit. L’enfant ne peut pas aimer ses parents et être aimé d’eux, comme ses parents s’aiment entre eux. Il ne peut pas avoir de relation sexuelle avec ses parents ; C’est l’interdit de l’inceste. L’enfant doit trouver d’autres objets d’amour que uniquement ses parents.
Selon la théorie freudienne, c’est à partir de l’intégration de l’interdit de l’inceste que l’enfant assimile les autres interdits.
Le conflit oedipien conduit à la formation du surmoi. Le surmoi : il représente la conscience morale intériorisée. C’est l’instance psychique qui se construit le plus tard et qui ne cesse de se développer même à l’âge adulte. Le surmoi se construit sur des identifications conscientes / inconscientes. L’enfant s’identifie à ses parents et leur relation à la réalité environnante. Il s’identifie aux limites véhiculées par ses parents qui sont des modèles.
"PIAGET :
Le stade sensori moteur (0 - 2 ans)
Les réactions circulaires primaires se complexifient. L'enfant accède peu a peu a un univers d'objets permanents. L’enfant passe de l'individualisme narcissique au choix objectal et passe des émotions primaires à des sentiments différenciés et durables.
Le stade est organisé en 6 sous-stades : I. exercice réflexe. II. réaction circulaire primaire. III. Réaction circulaire secondaire. IV. Moyens connus pour situations nouvelles. V. Réaction circulaire tertiaire. VI. Combinaison mentale.
Le stade pré-opératoire (2 - 7 ans)
Le stade pre-opératoire voir l'essor de la fonction symbiotique, l'apparition du dessin, du jeu symbolique, de l'image mentale. La socialisation, les sentiments moraux, les intérêts et les valeurs se mettent en place
Le stade est divisé en trois sous stades. I. : 2 - 4 ans. Conquête de la fonction sémiotique. II. : 4 - 6 ans. Pensée égocentrique et organisation de la représentation. III. : 6 - 8 ans. Intuitions articulées par la régulation.
Le stade des opérations concrètes (7 - 12 ans)
Sériations et classifications (opérations concrètes) se mettent en place. l'enfant acquiert les notions de causalité, comprend les invariants du réel, a la conservation de substance, de poids, de volume. L'enfant devient capable de coopération. La camaraderie se développe, les jeux se déroulent en s'appuyant sur des règles valables pour tous. Le sentiment de justice morale et l'autonomie se développent.
Le stade est divisé en deux sous stades : I. : 8 - 10 ans. Opérations concrètes simples 8 - 10 ans (logico arithmétiques : classe, relations numériques). II. :10 - 12 ans - Opérations concrètes complexes (spatio-temporelles)
Le stade des opérations formelles (12 - 16 ans)
Les notions de nombre, de volume de poids, les structures logiques (classification et sériation) sont acquises. La pensée formelle, qui se construit à ce stade permet l’établissement de relations entre la réalité et la possibilité. Dernier stade de la pensée, c’est pour Piaget le moment ou l’intelligence acquiert sa pleine maturité.
WALLON :
Première année 0 - 1 an : les stades impulsif et émotionnel :
Motricité et émotion sont les principaux organisateurs de ce stade. L'impulsivité motrice s'ordonne en des réponses de plus en plus nuancées grâce a l'action du milieu, permettant a l'enfant une meilleure adaptation aux situations affectives et émotionnelles. La régulation des réponses motrices par le milieu, la coordination de la sensibilité et du mouvement créent des variations musculaires et toniques, sources d'émotions différenciées.
Le stade impulsif (0 - 3 mois) est caractérisé par le désordre gestuel. De trois a 12 mois (stade émotionnel), les réponses de l'entourage aident l'enfant a organiser ses émotions qui sont au départ indifférenciées. Ces réactions émotionnelles (joie, douleur, chagrin, colère) sont la source du langage, et de la conscience.
Le stade impulsif est traversé par deux stades de la sociabilité : 1. La symbiose affective (3 - 9 mois) qui voit le développement des actions volontaires. l'enfant fait preuve de capacités d'anticipation des réactions d'autre. 2. Le syncrétisme indifférencié, marqué par la confusion soi - autre. L'enfant accède peu à peu a la complémentarité des rôles.
1 - 3 ans : le stade sensori moteur et projectif :
La manipulation d'objets et l'exploration de l'espace proche permettent le développement d'une intelligence des situations (intelligence "pratique"). Des postures, des imitations traduisent une pensée naissante qui prend consistance en s'extériorisant, en se projetant dans le geste imitatif L'apparition du langage aide au développement d'une intelligence représentative (intelligence "discursive). Le stade sensori-moteur est marqué par une intelligence des situation qui va permettre la mise en place d'une intelligence posturale et discursive. L'activité motrice est tournée vers la connaissance des mouvements extérieurs. L'imitation différée permet de se découvrir après avoir crée une image mentale du modèle. Elle est aussi un moyen pour dépasser l'intelligence sensori-motrice et aller vers l'intelligence représentative
Le syncrétisme différencié (18 - 30 mois) voit apparaître une individuation par rapport a l'environnement et a une intégration des contraires. Jalousie et sympathie apparaissent, traduisant pour l'un rivalité par rapport a un objet et conflit entre deux rôles et pour l'autre un dégagement du point de vue de l'autre.
3 - 6 ans : le stade du personnalisme :
La crise des trois ans (le moment du "non") permet a l'enfant de s'individualiser de sa famille en s'appuyant sur l'opposition. L'imitation concourt également a cette différenciation en séparant le pareil et le pas pareil L'opposition ("l'enfant se pose en s'opposant") est essentielle a la construction de l'autonomie et de la différenciation soi - autrui. Elle marque également à la recherche d'attention exclusive. La séduction témoigne de la modification du comportement sous le regard de l'autre. L'imitation de l'autre prestigieux en une attitude ambivalente d'admiration et de rivalité clôt le stade du personnalisme."
psychologue.fr/ressources-psy/freud-piaget-wallon.pdf /Jocelyne Deroide fragments de cours
ABC de la psychologie de l'enfant/Corinne morel/Grancher (Editions)/1999
Introduction à la psychologie du développement/ Catherine Tourette et Michèle Guidetti/ Dunod/ 2018