Identité

"L’identité est constituée par l’ensemble des caractéristiques et des attributs qui font qu’un individu ou un groupe se perçoivent comme une entité spécifique et qu’ils sont perçus comme telle par les autres. Ce concept doit être appréhendé à l’articulation de plusieurs instances sociales, qu’elles soient individuelles ou collectives.

  • 1 George H. Mead, L’Esprit, le soi, et la société, Paris, puf, [1934], coll. « Le lien social », 2006(...)
  • 2 Erving Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne. Tome II. Les relations en public, Paris, Mi (...)
  • 3 Peter Berger, Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité, Paris, Méridien-Klinsksieck, (...)
  • 4 Claude Dubar, La crise des identités, Paris, puf, coll. » Le lien social », 2000.

L’identité personnelle est le produit de la socialisation, laquelle permet la constitution du « Soi »1. Pour les sociologues interactionnistes, les identités individuelles naissent des interactions sociales plus qu’elles ne les précèdent2. L’identité n’est pas une propriété figée, c’est le fruit d’un processus3. Ainsi, le travail identitaire s’effectue de manière continue tout au long de la trajectoire individuelle et dépend à la fois du contexte et des ressources qui peuvent être mobilisées. Cette identité se modifie donc en fonction des différentes expériences rencontrées par les individus. Claude Dubar distingue deux composantes indissociables de l’identité sociale4. L’« identité pour soi » renvoie à l’image que l’on se construit de soi-même. L’« identité pour autrui » est une construction de l’image que l’on veut renvoyer aux autres ; elle s’élabore toujours par rapport à autrui, dans l’interaction, en relation avec l’image que les autres nous renvoient, c’est une reconnaissance des autres.

Les identités collectives trouvent leur origine dans les formes identitaires communautaires où les sentiments d’appartenance sont particulièrement forts (culture, nation, ethnies…) et les formes identitaires sociétaires qui renvoient à des collectifs plus éphémères, à des liens sociaux provisoires (famille, groupe de pairs, travail, religion…). L’individu appartient ainsi de manière simultanée ou successive, à des groupes sociaux qui lui fournissent des ressources d’identification multiples.

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"L’identité est le « caractère de deux ou plusieurs êtres identiques » (CNTRL). C’est donc un des fondements de l’appartenance à un groupe et une composante de la territorialité. La notion d'identité renvoie à la fois à ce qui est semblable (similarité à l’intérieur d’un groupe) et à ce qui est distinct (singularité par rapport à autre groupe).

Cette notion a été particulièrement étudiée en psychologie, en science politique (mouvements identitaires, régionalisme…) et en histoire. Les géographes s’en sont emparés de plusieurs manières.

En ce qui concerne la singularité, il n’existe pas deux lieux identiques : tout lieu possède donc sa propre identité, ce qui, dans une perspective classique, a longtemps favorisé le développement des monographies. Pourtant, l’'identité comme similitude renvoie aux processus d'homogénéisation observables dans le monde : les paysages d'entrée des villes, les effets de la métropolisation, etc. À travers des représentations modélisées de l'organisation de l'espace, certains travaux de géographes s'efforcent de dégager des lois de similitude, des configurations reproductibles, transférables : l'organisation des espaces estuariens, le modèle d'organisation de la ville-centre européenne, de la ville nord-américaine, etc.

Mais c’est surtout l’identité en tant que lien à un lieu (identité territoriale), qui est étudiée par les géographes contemporains. Ce sentiment d’identification et d’appartenance à un territoire est à la fois individuel (un attachement au quartier de son enfance, à un lieu de vacances idéalisé…) et collectif, mais qui peut être différent en fonction des groupes sociaux. Par exemple, le géographe Guy Di Méo (1998) a étudié le phénomène en vallée d’Aspe. Il a montré qu’il fallait séparer les sentiments d’appartenance des consciences identitaires en fonction des groupes : ainsi, les habitants anciennement installés privilégient une identité villageoise, au contraire de « néo-Aspois », plus récemment arrivés qui proclament une identité faite d’une appartenance plus globale à la région voire une identité pyrénéenne.

La quête identitaire, souvent réactivée depuis le début du XXIe siècle, passe donc par l'attachement de l'individu, du groupe à son territoire de référence (selon les niveaux d'échelle : le quartier, la ville, la région, l’Etat). C'est une notion qui engage alors le temps long.

Ainsi, au-delà des attachements au passé, l'identité peut aussi se construire autour de projets pour le futur des territoires (territoires de projet, d'innovation…).

(ST), dernière modification (SB et CB) juin 2023.


Références citées
  • Di Méo Guy (1998) Géographie sociale et territoires, Paris : Nathan, coll. « fac », 315 p.

geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/identite

 

Vincent de Gaulejac IDENTITÉ Barus-Michel (J.), Enriquez (E.), Lévy (A.) (sous la direction de), Vocabulaire de psychosociologie, références et positions, Paris, Érès, 2002.

cairn.info Définir l'identité Robinson Baudry, Jean-Philippe Juchs Dans Hypothèses 2007/1 (10), pages 155 à 167


 

 

 

 

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