Invariance
"Il faut d'abord porter son attention sur ce qui ne change pas, les structures invariantes. C'est en effet le non-changement qui permet au changement de radicaliser son expression [...]
... il est impossible de comprendre les ressorts de l'évolution des sociétés humaines si l'on s'attache uniquement à ce qui change. Soumettant l'histoire des hommes en société à la problématique générale de l'évolution dont cette histoire n'est qu'un moment, Jean-François Kahn repère et démonte, exemples concrets à l'appui, le moteur du développement social.
Les événements qui bouleversent notre fin de siècle _ la " résurgence " des particularismes, le " retour " du religieux, l'" affirmation " identitaire, le " racisme ", etc. _ apparaissent sous cette lumière nouvelle comme autant de manifestations des structures sociales tendanciellement invariantes que sont le féodalisme, l'esclavagisme, le capitalisme, le tribalisme, l'aspiration au socialisme. Mais l'incessante recomposition de ces invariances ouvre un champ immense aux changements souhaitables et possibles...
Cet ouvrage fera débat et suscitera peut-être la polémique. A cela, un certain nombre de raisons: il se veut théorie sociale de substitution au socialisme et au libéralisme théoriques; il propose de reconsidérer chez l'homme le rapport entre l'inné et l'acquis, le naturel et le culturel; il récuse radicalement toute vision et appréhension métaphysique; il aborde de front le problème de la " race " et celui des soubassements biologiques des comportements sociaux; il franchit la barrière qui sépare le vivant de la matière inanimée en proposant une interprétation thermodynamique des mouvements de masse. Et, ce faisant, il ouvre un espace illimité à la réalisation autocréatrice de la liberté humaine."
Jean-François Kahn Tout change, parce que rien ne change Introduction à une théorie de l'évolution sociale 1994
"Depuis aristote et même avant lui, les philosophes ont beaucoup réfléchi au changement. Les historiens et les sociologues contemporains l'ont, eux, rencontré sans trop savoir comment le traiter au singulier. Depuis le XVIII ème siècle nous avons découvert le progrès, puis l'évolution et bien d'autres formes. Des théories sont nées, avec leurs issues : elle n'ont ni convaincu partout, ni tout résolu. Le changement est un fait et une idée que personne ne maîtrise vraiment, surtout dans le "social".
Emile Poulat Kahn (Jean-François) Tout change parce que rien ne change. Introduction à une théorie de l'évolution sociale
" Ce que démontre Jean françois Kahn, c'est que l'évolution est un processus continu qui ne peut échapper aux lois qui régissent les modes de transformations aussi bien naturelles que sociales et culturelles. Et c'est précisément ces lois qui établissent qu'il faut que structurellement et apparemment rien ne change pour que fonctionnellement et réellement tout change. En d'autres termes, la rupture est impossible, le conservatisme est mortifère. Mais quand elle prend la forme d'une recomposition des invariances, en particulier autour d'un nouveau centre, la réforme devient toujours radicalement révolutionnaire. Or, cette révolution qui replace non plus l'Etat ou le capital mais l'homme au centre, n'a jamais été aussi nécessaire."
Jean Francçois Kahn Où va-t-on, comment on y va : théorie du changement par recomposition des invariances 2008