Besoins fondamentaux Virginia Anderson

"Dans la conception de Virginia Henderson, une personne est « en santé » tant qu’elle peut satisfaire seule à ces (ses) besoins.
Le problème de santé va atteindre cette indépendance et rendre la personne dépendante du professionnel.
Le rôle de ce dernier consistera donc à agir (en soignant, aidant, suppléant, etc.) pour permettre à la personne d’assurer la satisfaction de ses besoins fondamentaux avec le moins de « dépendance » possible.

D’après Virginia Henderson, il existe 14 besoins fondamentaux pour un individu :

  1. Respirer;
  2. Boire et manger;
  3. Éliminer (urines et selles);
  4. Se mouvoir, conserver une bonne posture et maintenir une circulation sanguine adéquate;
  5. Dormir, se reposer;
  6. Se vêtir et se dévêtir;
  7. Maintenir la température du corps dans les limites normales;
  8. Être propre, soigné et protéger ses téguments;
  9. Éviter les dangers (maintenir son intégrité physique et mentale);
  10. Communiquer avec ses semblables ;
  11. Agir selon ses croyances et ses valeurs;
  12. S’occuper en vue de se réaliser (et conserver l’estime de soi);
  13. Se recréer (se divertir);
  14. Apprendre.

Ces 14 besoins ont souvent, par volonté de simplification et de pédagogie, été inclus, répartis, à l’intérieur des 5 niveaux de la « pyramide de Maslow »: 5 grands étages correspondant à 5 grandes catégories de besoins (de la base au sommet): besoins physiologiques, de maintien de la vie; besoins de protection et de sécurité; besoins d’amour et d’appartenance; besoins d’estime de soi et de considération; besoin d’actualisation et de réalisation de soi.

Dans la conception de Virginia Henderson, une personne est « en santé » tant qu’elle peut satisfaire seule à ces (ses) besoins. Le problème de santé va atteindre cette indépendance et rendre la personne dépendante du professionnel. Le rôle de ce dernier consistera donc à agir (en soignant, aidant, suppléant, etc.) pour permettre à la personne d’assurer la satisfaction de ses besoins fondamentaux avec le moins de « dépendance » possible.

D’ores et déjà, de telles listes et classements des besoins des êtres humains méritent quelques commentaires. Si certaines absences étonnantes (la sexualité, par exemple, ne fut pas inclue par Virgina Henderson parmi les besoins fondamentaux des humains) peuvent s’expliquer par le poids du contexte social et d’un héritage religieux alors pesant, d’autres éléments interrogent directement la conception de l’Homme sous-jacente...

... Il manque la séxualité, [...] le besoin de liberté, d'autonomie, [...] de prendre des risques, [...} de se dépenser, [...]
... Manque le manque

... Depuis l’apparition de la « théorie Henderson-Maslow » , dans les années 1950-1960, de nombreux modèles de soins (et quelques philosophies de soins) ont été élaborés, discutés, améliorés. De nombreux modèles n’ayant pas les inconvénients de cette « théorie », et profitant de surcroît de l’apport de plusieurs disciplines ou domaines de recherche (phénoménologie; travaux de l’école de Palo Alto; réflexions sur le soin dans le champ de la psychiatrie; théories des systèmes; anthropologie et travaux sur les liens entre soin et culture; etc.).

... la « réflexion » sur les besoins a peu à peu supplanté la réflexion sur la manière dont le professionnel va répondre à ce besoin. La « théorie » s’est éloignée progressivement de l’apport du « modèle de soins » pensé par Henderson sans pour autant, devenir une philosophie de soins. Un « modèle de soins » implique qu’au cœur de la formation et de la réflexion du (futur) soignant figure la question des interactions, des relations.
« Le premier médicament est le médecin ». On se souvient de cette phrase de Michaël Balint, synthétisant l’apport qu’il fit en 1957, à travers son ouvrage Le Médecin, son malade et la maladie. « Le premier soin est le soignant », avait déjà « écrit » Hildegarde Peplau en filigrane de son livre, cinq ans auparavant : Les relations interpersonnelles en soins infirmiers...

... Il manquait au modèle de Peplau sur les relations interpersonnelles dans les soins de pouvoir s’appuyer sur une philosophie de soins, sur une conception de l’être humain centrée sur la reconnaissance de la nature complexe de l’Homme, naturellement sociale et culturelle, orientée vers le développement de la « personne ». La philosophie de soins développée par Yves Gineste et Rosette Marescotti sous le terme de « Philosophie de l’humanitude » est venue combler ce manque. Construite autour de la réflexion sur les caractéristiques propres aux êtres humains, celles qui font qu’un être humain se reconnaît comme appartenant à son espèce, celles qui font qu’un être humain en reconnaît un autre comme appartenant à la même espèce que lui, cette philosophie de soins aboutit logiquement à penser la manière dont les soignants peuvent témoigner, à travers le prendre-soin, cette reconnaissance fondamentale de l’humanitude commune...

... Une part essentielle du prendre soin consiste à reconnaître la personne, quelle que soit sa maladie, et comme un animal vivant (et donc à lui apporter ce qui lui permet de rester en vie), et comme un être humain (et donc à lui permettre d’utiliser ses caractéristiques d’être humain, ses désirs-besoins de communiquer, de comprendre, de choisir, etc.) et comme une personne singulière (et donc à lui permettre de vivre ses désirs et ses besoins à sa manière, à son rythme, etc.)...

... Ce sont ces liens qui nous permettent, tout au long de notre vie, jusqu’à notre mort, de continuer à développer nos facultés – et qui manquent à ces personnes isolées des autres, vivant dans l’isolement complet, à ces Robinson Crusoé des villes modernes. Ce sont ces liens, facteurs de plaisirs et de peines, de paix et de colère, de toute la gamme infinie d’émotions et de pensées qu’un être humain peut ressentir, qu’il appartient parfois aux soignants, derniers humains présents au moment de la mort, de maintenir envers et contre tout. Pour (si on le désire) mourir comme on est né, sous le regard d’un frère."

cairn.info Jérôme Pellissier Réflexions sur les philosophies de soins

 

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