Projet personnalisé

« Le Projet Personnalisé est un outil de coordination visant à répondre à long terme aux besoins et attentes de la personne accueillie.         
La vision portée par le législateur dans les différents textes insérés au Code de l’action sociale et des familles (CASF) conduit les personnes accueillies au sein des établissements sociaux et médico-sociaux à participer à leur propre projet dans une dynamique de parcours.

Dans la majorité des situations, les personnes accueillies sont en situation de vulnérabilité lors de leur rencontre avec l’ensemble des professionnels de l’établissement d’accueil.

Ces derniers doivent donc être à leur écoute pour rechercher, susciter et accompagner cette participation afin qu’elle soit effective...

Chaque personne accompagnée a des attentes et des besoins singuliers
, que le professionnel s’emploie à intégrer dans le projet personnalisé. Car La personne possède une connaissance intime de sa situation, dont il est à la fois illégitime et contre-productif de se passer. La personne possède des compétences d’analyse que les professionnels pourront repérer et dont ils faciliteront l’expression.
Pour les personnes qui n’ont pas accès au langage, les proches seront particulièrement mobilisés. Des espaces et des temps d’observation permettront aux professionnels d’approcher cette « connaissance intime » que possède la personne sur sa situation.      
Le professionnel va essayer de dégager avec les personnes et leurs proches une vision prospective de l’évolution de la situation (atouts et difficultés).       
■ construire les bases d’un projet ouvert, prêt à intégrer des opportunités que l’on ne connaît pas toutes à l’avance        
■ préparer le choix des objectifs et des modalités d’action. L’analyse aidera les parties prenantes à effectuer des choix, et à gérer les inévitables frustrations.
À partir du recueil des attentes, l’enjeu de cette phase est d’aboutir à une analyse partagée qui pourra déboucher sur la co-construction d’un projet réaliste.         

Se placer en position de reconnaissance mutuelle :           
Les personnes sont susceptibles d’adopter un discours de conformisme ou de généralité quand on leur parle « projet ». Si, de son côté, le professionnel est enfermé dans ses propres représentations, ou cherche à faire rentrer la personne dans ses propres codes et convictions, le dialogue risque d’être faussé. L’organisation de la co-construction du projet personnalisé se fonde sur une reconnaissance mutuelle de la personne/de son représentant légal et des professionnels.    
C’est une co-construction dynamique entre la personne (et/ou son représentant légal) et les professionnels. Cela représente la meilleure réponse que peuvent apporter les professionnels face au risque d’une approche standardisée qui s’opposerait à l’objectif de personnalisation.    
Le projet personnalisé est une démarche dynamique, une co-construction qui tente de trouver un équilibre entre différentes sources de tension, par exemple entre :  
 ■ les personnes et leur entourage, qui peuvent avoir des attentes contradictoires ou des analyses différentes
■ les personnes/leur entourage et les professionnels, qui ne partagent pas automatiquement la même analyse de la situation ou les mêmes objectifs         
■ les professionnels d’établissements/services différents. 
C’est la raison pour laquelle cette démarche de co-construction aboutit souvent à un compromis.
La construction de l’alliance autour du projet trouve un équilibre entre diverses tensions, par exemple :
■ le souhait de connaître les attentes précises de la personne et la nécessité de ne pas être intrusif 
■ le souci de mettre en perspective les différents éléments des projets personnels et le risque d’avoir sur la vie des personnes une vision totalisante qui, par sa prétention à l’exhaustivité, peut devenir enfermante pour les personnes concernées.        
Ce processus peut être long, mais il serait hasardeux d’interpréter les éventuels refus des personnes comme des absences d’attentes. Charge aux professionnels d’établir la relation de confiance qui permettra à la personne de s’appuyer sur eux – ou sur d’autres – pour trouver les mots.

Intégrer au mieux les habitudes de vie :      
Il est recommandé de respecter les habitudes de vie dont les manifestations ne portent ni préjudice à la personne elle-même, ni à son environnement. Dans le cas d’habitudes de vie plus problématiques (personnes vivant dans la rue, personnes toxicomanes marginalisées…), l’expérience montre qu’en acceptant provisoirement des modes de vie ou des comportements inaccoutumés, on peut établir un premier lien susceptible par la suite de faire évoluer ces modes de vie.  
Encourager des essais :       
La meilleure manière de permettre aux personnes de jouer un rôle actif dans le projet personnalisé est encore de leur permettre de faire leurs propres expériences. Aussi les mises en situation seront recherchées pour permettre aux personnes d’affiner leurs analyses, et de réajuster des représentations (sur elles-mêmes, sur les activités proposées, sur l’accompagnement, sur l’environnement…). Insister sur le caractère d’essai relativise l’échec éventuel, qui devient un « problème à résoudre ensemble », et non pas l’échec de la personne malgré toute l’aide apportée. Cet essai s’inscrit alors dans la mise en œuvre des objectifs du projet personnalisé. 
Dégager des objectifs issus du dialogue :   
Ce sont ces objectifs qui témoignent concrètement de l’engagement des professionnels auprès de la personne et, le cas échéant de son représentant légal, pour l’accueillir et/ou l’accompagner.
Les objectifs retenus seront :
■ adaptés aux situations des personnes, de manière à restaurer le sentiment de compétence et la prise d’initiative
■ concrets, de manière à ancrer le projet personnalisé dans la vie de la personne, et contribuer au sentiment d’avancée. La présence d’objectifs permettant de restaurer l’estime de soi, centrale pour beaucoup de personnes, sera priorisée. L’intimité des personnes est à respecter et privilégier : les professionnels veilleront à ce que les objectifs soient en harmonie avec ce principe.       
Écrire dans le respect des personnes : Il est recommandé aux professionnels de prendre garde au choix des mots. Ceux-ci valoriseront la dynamique et ne seront pas blessants, notamment dans l’analyse de la situation ou dans la formalisation des objectifs.      
Ne pas transformer le projet en injonction : Dans la forme, les professionnels éviteront un style trop administratif, ou un vocabulaire trop technique, ou encore de transformer les objectifs en injonction. Le projet écrit est un support pour les parties prenantes, et à ce titre, il a vocation à engager et non pas à obliger.1 »

1/ https://www.has-sante.fr/2018-03/reco_projet.pdf

Un commentaire

  • PRATIQUES EDUCATIVES & REFLEXIONS ETHIQUES Travail d'équipe du 14 11 2023

    Echanges, liens concrets, exemples de situations :
    (Chacun donne un exemple, un effet produit et sa réflexion.)

    Echanges avec et apports de la psychologue : Qd la communication n’est pas standardisée, avoir des outils adaptés nous permet d’avoir des réponses, comme les supports odorants… (X)
    Justement respecter son mode de communication à elle (Y). C’est-à-dire qu’il n’y a pas qu’un problème de communication avec elle, il y a la pathologie, qui est suffisamment apaisée à partir du moment où on la laisse fonctionner avec ses objets, rituels etc… Sinon on la met en péril. C’est une forme de communication pour elle que de se déplacer avec sa boite de jeu et pour nous c’est une forme de communication avec elle que de lui montrer qu’elle peut le faire et même que l’on l’invite à le faire, puisque c’est sa communication, avec la réalité, être en prise avec elle et ne pas être en crise. Les choses rituels sont vitales puisqu’elles se mettent en place comme défense, ce qui est absolument majeur de respecter, sinon on brise une possibilité de lien avec la réalité. Donc s’il y a intervention il faut que cela ne fasse pas rupture pour la personne.

    Si elle (Z) sourit c’est que tout va bien, si quelque chose ne va pas on va le voir à ses expressions du visage, au fait qu’elle ne va pas forcément maintenir son regard avec nous… elle a plein de modes de communication. Ça peut paraitre frustrant parce que l’on ne sait pas exactement ce qu’elle veut et c’est là la spécialité de notre travail, à la fois supporter les manques de réponses compréhensibles en termes d’attitudes et mettre un défi à trouver, au fur et à mesure, ce dont il est question, avec des indicateurs, car elle peut pointer les propositions, et là contrairement à la frustration, on va gérer un des plus grand bonheur de la relation humaine, qui est d’avoir compris !

    A l’hôpital la communication est difficile : car les personnes ne la comprennent pas et non pas le temps de la comprendre.

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