Autorité
L'autorité, qui vient de « auteur », est la faculté d'être écouté, obéi.
« Son exercice suppose la reconnaissance réciproque des normes et valeurs qui sous-tendent les rôles sociaux et limitent tant son extension que son intensité en lui donnant sa légitimité ».
Abdelhafid Hammouche (ss. dir.) : Respect ! Autorité et rapports de génération dans les banlieues (Editions La passe du vent) / Actes de la recherche en sciences sociales N°191-192 (Seuil).
L'aurorité : "... c’est essentiellement sur ce dernier point qu’elle se distingue du pouvoir qui s’impose et c’est ce registre relationnel qui en fait à la fois un apprentissage à l’autonomie et, comme le relève Didier Lapeyronnie dans sa contribution à l’ouvrage, un puissant facteur d’intégration...
Le même rappelle d’ailleurs que la sociologie a toujours insisté sur cet aspect de socialisation des individus dans le phénomène de l’autorité, de Georg Simmel à Parsons en passant par Durkheim, qui ajoutait que l’autorité implique la confiance, que « ce n’est pas du dehors » que l’on peut la tenir mais de soi-même, de ce qu’il appelait « une foi intérieure »...
... Une autre caractéristique importante de l’autorité dans sa version institutionnelle vient de son caractère circonscrit, là où elle est admise, reconnue voire attendue. L’autorité de l’enseignant vaut dans le cadre de l’école et seulement sur des élèves, celle du père dans le cercle familial et uniquement sur les enfants. Elle ne peut s’exercer en dehors de son cadre de légitimité et n’est pas absolue, toujours limitée qu’elle est par l’organisation sociale. Un enseignant ne peut faire usage de la force ou de la violence, et c’est cet encadrement social qui en fait aussi un facteur d’intégration, sa fonction sociale en quelque sorte.
Comme le souligne en outre Maurice Blanc dans l’ouvrage, la socialisation des jeunes dans le contexte des bandes se fait selon un mode communautaire qui laisse peu de place à la règle sociétale et à l’autonomisation des individus. Et Emmanuelle Santelli rappelle que la question de l’autorité pose également celle de la justice et de l’équité sociale qui assoient sa légitimité, justice qui reste largement dissociée de toute forme d’autorité dans l’esprit des jeunes par l’expérience qu’ils font quotidiennement de la discrimination. L’engrenage de l’échec scolaire fait ici office de cercle vicieux.
C’est sans doute pourquoi, dans les quartiers, s’est imposée, en alternative aux valeurs de l’autorité, la revendication du respect, qui implique la réciprocité et comme le montre Richard Senett dans le beau livre qu’il lui a consacré, de dépasser les inégalités sociales."
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